Abstract
The
period of 1610-1710 was marked by warfare in both France and Sweden.
The ever ongoing conflicts consumed huge amounts of money and led to
the death of hundreds of thousands of men. Wars were common, yet not
uncontroversial. Even though rulers were supposed to protect their
subjects, they were not supposed to start war without good reasons.
Yet new wars emerged all the time. These basic facts lead up to a
simple and yet complicated question: how were the wars and the costs
that came with them legitimized?
One
of the most important media for telling the story of war in the early
modern period both France and Sweden were the days of thanksgiving or
Te Deum. These ceremonies form the basis of analyses in my
forthcoming book The
Story of War. Church and propaganda in France and Sweden in the 17th
century. The
book is divided into three parts – Information, Celebration,
Explanation - dealing both with the content of the thanksgiving texts
and the actual ritual of thanksgiving.
One
could say that the days of thanksgiving somewhat defined war, while
at the same time mediating an idealized picture in strong contrast to
people’s actual experience of it.
There
are both similarities and differences in the ways wars were described
and explained. The descriptions of battles do seem to follow a common
genre and God has a natural place in both countries. It is, however,
evident that the French ruler, much more than his Swedish
counterpart, is depicted as the master of war. The Swedish king (or
queen) is described more as God’s creature. In Sweden days of
thanksgiving were regarded to be important occasions of information
and a way of avoiding defeatism among all inhabitants. French Te Deum
did primarily target the élites such as parlements,
city councils and other high officials. This is true also for the
ceremonies that in France were formed as elaborate processions in
which the locale élites paraded before the people. The hierarchical
marked both the processions and the placement in church. In Sweden
the élites were not the government’s first concern: the priority
being that the ceremonies were celebrated in all churches in Sweden.
These
differences are linked to the diversion of economic power in the two
countries, and in a long time perspective it had consequences beyond
the politics of the day. In Sweden huge resources – both soldiers
and money – could be taken from the subjects without any peasant
uprisings. In France the lack of communication with the third estate
led to numerous revolts during the 17th
century and a revolution in the century to come.
There
was a common story of war, but also different ways of framing it. In
fact the greatest difference was not the content of the story but
rather who was included in it. In Sweden it was a story about all
inhabitants forming God’s chosen people and fighting together,
whereas in France it was a story about a godly, dutiful king and his
amazing victories.
Résumé
La période
1610-1710 fut marqué par des guerres à la fois en France et en
Suède. Les conflits permanents ont coûte d'énormes sommes d'argent
et ont mené à la mort des centaines de milliers d'hommes. Les
guerres étaient courantes, mais pouvaient prêter à controverse.
Les souverains étaient supposés protéger leurs sujets, mais ils
n'étaient pas supposés commencer une guerre sans de bonnes raisons.
Malgré cela de nouvelles guerres émergeaient tout le temps. Cet
état de fait conduit à une question simple mais pourtant
compliquée : comment les guerres et leurs coûts étaient-elles
légitimées ?
Un
des moyens les plus importants pour raconter l'histoire de la guerre
à l'époque moderne, aussi bien en France qu’en Suède, étaient
les journées d'action de grâce ou Te Deum. Ces cérémonies forment
le fondement pour mes analyses dans mon prochain livre L'Histoire
de la Guerre : Église et propagande en France et en Suède au
XVIIe
siècle.
Le livre est divisé en trois parties – Information, Célébration,
Explication – partagée à la fois par le contenu des textes de
l'action de grâce et le rituel de l'action de grâce tel qu’il
était mené. On pourrait dire que les journées d'action de grâce
définissaient en quelque sorte la guerre, tout en véhiculant d’elle
une image idéalisée qui contrastait avec le vécu des populations.
On
trouve à la fois des similarités et des différences dans la façon
dont les guerres étaient décrites et expliquées. Les descriptions
des batailles semblent suivre un genre commun et Dieu a une place
naturelle dans les deux pays. Il est cependant évident que le
souverain français, bien plus que son homologue suédois, est
représenté comme le maître de la guerre. Le roi (ou la reine)
suédois est plus décrit comme une créature de Dieu. En Suède, les
jours d'action de grâce étaient considérés comme étant des
occasions importantes pour informer la population et un moyen
d’éviter le défaitisme parmi celle-ci. Le Te Deum français était
principalement destiné aux élites telles que les parlementaires,
les conseillers des villes et autres membres de la haute
administration. C’est le cas aussi pour les cérémonies en
elles-mêmes qui, en France, constituaient en une procession élaborée
dans laquelle les élites locales paradaient devant le peuple. La
hiérarchisation imprégnait à la fois la procession et le placement
dans l'église. En Suède, les élites n'étaient pas la première
inquiétude du gouvernement : la priorité était que les
cérémonies soient célébrées dans toutes les églises en Suède.
Ces
différences sont liées à la divergence de pouvoir économique
entre les deux pays, qui, dans une perspective à long terme, avait
des conséquences au-delà des politiques quotidiennes. En Suède,
d'énormes ressources – à la fois en soldats et en argent –
pouvaient être pris aux sujets sans aucune révolte paysanne. En
France, le manque de communication avec le tiers-état mena à de
nombreuses révoltes pendant le XVIIe
siècle et, plus tard, à une révolution.
Il
existe une histoire commune de la guerre, mais aussi différents
moyens de la mettre en scène. De fait, la plus grande différence
n'était dans pas le contenu du récit, mais plutôt qui était
inclus dedans. En Suède, c'était une histoire à propos de tout un
peuple, élu de Dieu, luttant ensemble, alors qu'en France il
s'agissait d'une histoire à propos d'un roi saint et dévoué et de
ses victoires extraordinaires.