vendredi 24 octobre 2014

Frederike Felcht (Université Goethe Frankfurt am Main) : The birth of the Norwegian Nation through the experience of hunger

Abstract/Résumé

Abstract

This contribution analyzes the representation of the years before 1814 in the literary and historical works of the 19th and the 20th centuries. Following Benedict Anderson (1983) and Eric Hobsbawn (1983/1990), I consider literature and historiography as central media in the constitution of national identities and in my paper, I defend the idea that historical and literary representations of hunger deeply marked the national Norwegian identity and evidence a shift in the image of the domestic and foreign protagonists and of the balance of power. This paper shows how the representation of the crises before 1814 changed according to the political situation in Norway, through the example of history books such as Faye's « Norges Historie til Brug ved Ungdommens Underviisning » (1831), Munch's « Norges Historie i kort Udtog til Brug for de første Begyndere » (1839), Petersen's « Norges Historie. Læse- og Lærebog for Almue- og Borgerskoler » (1859) and Vellesen's « Norges historie for folkeskolen » (1928) as well as popular literary texts such as Bjørnson's « Ja, vi elsker dette landet » (1859) and Ibsen's « Terje Vigen » (1871).
At the beginning of the 19th century, the constituent assembly of 1814 have been prepared by hard food crises which were exacerbated by the English Blockade and the war with Sweden. The peasants revolts resulting from the 1812 famine were directed against members of the Norwegian establishment, mainly businessmen and civil servants. These transmitted the political pressure to Denmark.
According to Mykland's interpretation (1978), the problem of cereal supply was central in the dramatic aggravation of the Danish-Norwegian relationships. My paper shows the evolution of the representations of the powers Denmark, Sweden and England as well as of the Norwegien protagonists in literary and history works about the supply problem according to the changing political contexts in the 19th and the 20th centuries. The hunger years were more and more clearly defined as the starting point of a growing Norwegian self-confidence which could lead to a desire of independence as well as to the union with Sweden. In the historical and literary texts, this Norwegian self-confidence was increasingly linked to social categories to which little attention was payed before, first and foremost peasants.
Particularly in literary texts, the contrast between dearth and abundance acquired a central function in the construction of a national identity. Poverty became here the basis of a Norwegian aspiration to « selvberget », an individual as well as collective character trait, which oscillates between a material independence based on modesty and controlled exchange of goods with the other countries. Poverty was opposed to the luxury which characterized the upper classes in other countries.
In literary and historical texts, the representation of the hunger experienced by the 1814 generation became a founding narrative of the Norwegian nation.


Résumé

Cette contribution analyse la représentation des années avant 1814 dans les travaux littéraires et historiques du XIXe et XXe siècles. En se basant sur les travaux de Benedict Anderson (1983) et Eric Hobsbawn (1983/1990), je considère la littérature et l'historiographie comme un média central dans la constitution des identités nationales, et dans mon papier, je défends l'idée que les représentations historiques et littéraires de la faim ont profondément marqué l'identité nationale norvégienne et ont marqué un changement dans l'image des protagonistes nationaux et étrangers, ainsi que dans la balance du pouvoir. Ce papier montre comment la représentation des crises avant 1814 changea en fonction la situation politique en Norvège, à travers l'exemple des livres d'histoire, tels que « Norges Historie til Brug ved Ungdommens Underviisning » de Faye (1831), « Norges Historie i kort Udtog til Brug for de første Begyndere » de Munch (1839), « Norges Historie. Læse- og Lærebog for Almue- og Borgerskoler » de Petersen (1859) et « Norges historie for folkeskolen » de Vellesen (1928), ainsi que les textes littéraires populaires comme « Ja, vi elsker dette landet » de Bjørnson (1859) et « Terje Vigen » d'Ibsen (1871).
Au début du XIXe siècle, l'assemblée constituante de 1814 avait été préparée lors de terribles crises alimentaires, qui avaient été exacerbées par le blocus anglais et la guerre avec la Suède. Les révoltes paysannes, qui résultaient de la famine de 1812, étaient directement dirigées contre les membres de la constitution norvégienne, principalement des hommes d'affaires et des serviteurs civils. Cela transmettait une pression politique du Danemark.
D'après l'interprétation de Mykland (1978), le problème des réserves de céréales était central dans l'aggravation dramatique des relations dano-norgéviennes. Mon papier montre l'évolution des représentations des puissances du Danemark, de la Suède et de l'Angleterre ainsi que les protagonistes norvégiens dans les travaux littéraires et historiques à propos du problème des réserves suivant les contextes politiques changeants aux XIXe et XXe siècles. Les années de faim était de plus en plus clairement définies comme le point de départ d'une confiance en soi norvégienne grandissante, laquelle pouvait mener au désir d'indépendance, ainsi qu'à l'union avec la Suède. Dans les textes historiques et littéraires, la confiance en soi norvégienne était de plus en plus liée aux catégories sociales, auxquelles peu d'attention avait été prêté avant, en particulier paysannes.
Particulièrement dans les textes littéraires, le contraste entre la pauvreté et l'abondance acquit une fonction centrale dans la construction d'une identité nationale. La pauvreté devenait là la base d'une aspiration norvégienne à « selvberget », un trait de caractère individuel, mais également collectif, lequel oscillait entre une indépendance matérielle basée sur la modestie et des échanges contrôles des marchandises avec les autres pays. La pauvreté était opposée au luxe, lequel caractérisait l'aristocratie dans les autres pays.
Dans les textes littéraires et historiques, la représentation de la faim expérimenté par la génération 1814 devint un récit fondateur de la nation norvégienne.